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Pas d’autre choix possible ??? Le pantouflage à Bercy

Bruno Parent sera-il à son tour contacté par le MS3P après les présidentielles ?
Attention, les envahisseurs sont parmi nous ! On les reconnaît grâce à leurs pantoufles dorées... au coeur même de Bercy !

Nos hauts fonctionnaires de Bercy passent une bonne partie de leur temps à nous répéter qu’ils ne font qu’obéir au législateur, qu’ils n’aiment pas non plus les suppressions d’emplois mais qu’ils n’ont pas le choix... Ils distillent par l’absence même de dialogue social une résignation extrêmement malsaine pour le moral et la santé des agents... Et tout ça au nom des sacro saintes économies budgétaires ?

Mais qu’en est-il vraiment ? On connaîssait le départ sulfureux d’anciens DG vers le privé (Bézard, Lemierre...). Mais connaissiez-vous le pantouflage ? Un millier de fonctionnaires d’Etat par an sont concernés par le "pantouflage", c’est-à-dire par le fait de passer du secteur public au secteur privé. À l’origine, cette expression est utilisée par les Polytechniciens. Dans le jargon de Polytechnique, il y a ceux qui choisissent « la botte », c’est-à-dire le public, et ceux qui choisissent « la pantoufle », le secteur privé. Le « pantouflage » existe depuis longtemps, mais il s’est accéléré ces dernières années... en même temps que la déontologie est de plus en plus rappelé aux agents de base...

Le "pantouflage" fonctionne aussi dans l’autre sens. De plus en plus de hauts fonctionnaires partis dans le privé reviennent ensuite dans le public. C’est ce qu’on appelle le « rétro-pantouflage ». Vous vous imaginez, vous pauvres cadres C, B... partir de la DGFIP pour aller ouvrir un camion de pizza, vous lasser puis être de nouveau accueilli à bras ouverts par notre administration ?

L’un des cas les plus connus de pantouflage et rétro pantouflage est celui du candidat à la présidence de la République, Emmanuel MACRON inspecteur des finances (à ne pas confondre avec un simple cadre A) parti travailler dans la banque Rothschild (!!!), avant d’être nommé secrétaire adjoint de l’Elysée, puis ministre de l’Economie. Regardez le comité de soutien de M Macron, il est composé de plusieurs milliardaires issus du milieu bancaire...

On peut également citer Nicolas Namias, passé par la direction du Trésor, la Banque Populaire Caisse d’Epargne : il est devenu conseiller du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Puis il est reparti dans le privé, comme directeur de la stratégie de la banque d’affaire Natixis.

Le fameux bureau MS3P... ?

Le MS3P (Mission suivi personnalisé et parcours professionnel) s’occupe pour nos Inspecteurs des Finances (encore une fois, il ne s’agit pas de nos collègues cadres A) de recenser les offres de recrutement venues du privé !!!!!!
75 % des inspecteurs des finances vont pantoufler au cours de leur carrière, dont un bon tiers de manière durable ou définitive !

Et on arrive à des aberrations encouragées par l’Etat lui-même !

Un directeur du Trésor recruté par un fonds franco-chinois

Exemple spectaculaire de ces "pantouflages" encouragés par l’Etat : l’ancien directeur du Trésor, notre ex directeur général des Finances publiques, Bruno Bézard, a été recruté par un fonds d’investissement franco-chinois, Cathay Capital. Alors qu’au sein du Trésor (pas le trésor public), il était au courant de la stratégie économique de notre pays, on peut légitimement s’interroger sur ces pratiques obscures.

Ne pas mordre la main qui pourrait te nourrir…

Ces passerelles avec la finance finissent par déteindre sur l’état d’esprit de certains hauts fonctionnaires. C’est l’explication de Christophe Nijdam, ancien banquier et ex-secrétaire général de l’ONG Finance Watch :

« Quand vous êtes au Trésor, vous savez que si vous voulez par la suite faire une carrière mieux rémunérée, vous allez le faire dans le secteur bancaire. Vous avez toujours un petit lutin à l’arrière de votre cerveau qui vous dit que ce n’est peut-être pas très malin d’aller à l’encontre des désirs du secteur bancaire… au cas où. »
Comment une personne qui fait des allers-retours entre le secteur public et le secteur financier, peut être nommé dans l’instance de régulation du secteur bancaire ?

Un ancien de la Société Générale à Bercy

Autre exemple : la nomination, en juillet 2016, de Thierry Aulagnon, comme directeur de cabinet du ministre des Finances. Cet énarque, ancien du Trésor, a déjà dirigé le cabinet de Michel Sapin, au début des années 1990 avant d’être recruté par l’assureur Gan. Il a ensuite fait toute sa carrière à la Société Générale, puis, il est revenu à Bercy. Cette nomination pose question puisque les Finances sont en lien direct avec le secteur bancaire et les assurances. De plus, le gouvernement s’interroge sur la fiscalité accordée à la Société Générale dans l’affaire Kerviel.

Pour tenter de couper court aux critiques, Michel Sapin indique avoir consulté la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et avoir donné des consignes strictes pour éviter tout conflit d’intérêt. Thierry Aulagnon a l’interdiction de traiter certains dossiers, comme ceux de la Société Générale. Dans les faits, la commission de déontologie de la fonction publique ne rend que 2% d’avis négatifs. Elle émet certes parfois des réserves (pour M BEZARD), mais le contrôle de ces réserves semblent difficilement applicables...

L’affaire Pérol, symbole du « pantouflage » à la française

Dans l’affaire François Pérol, en 2009, la Commission de déontologie a été contournée. Cet ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a accompagné la fusion de l’entité Banque Populaire Caisse d’épargne (BPCE) avant d’en prendre la direction. François Perols a d’abord été directeur de cabinet adjoint de Francis Mer puis de Nicolas Sarkozy, à Bercy, en charge de la création d’une filiale des Caisses d’épargne. Il a par la suite conseillé la banque Rothschild à ce sujet. Jérôme Karsenti, avocat de l’association Anticor résume l’affaire :

On reproche à François Pérol d’avoir préparé le fauteuil dans lequel il s’est assis par la suite.

Poursuivi pour « prise illégale d’intérêt », François Pérol a été relaxé en première instance. Son procès en appel doit se tenir en mars 2017.

Une fausse loi bancaire

La loi dite de séparation bancaire en juillet 2013 reste très timide. Elle ne sépare pas réellement les activités spéculatives des banques, des activités de crédit. Thierry Philipponnat, directeur du think tank Institut Friedland, ancien secrétaire général de l’ONG Finance Watch considère que le lobby bancaire pèse sur le législateur :

« Cette loi bancaire a été adoptée parce que les responsables des grandes institutions financières ont convaincu ceux qui avaient le pouvoir politique que ce texte devait avoir l’apparence de la réforme. Mais en réalité, cette loi n’a pas changé grand-chose… »

« Circulez, il n’y a rien à voir ! »

L’actuelle directrice générale de la Fédération bancaire française, Marie-Anne Barbat-Layani connait bien les rouages de l’Etat. Inspectrice des Finances, passée par le Trésor, elle a conseillé le ministre PS des Finances Christian Sauter, avant de retourner dans le privé, comme directrice générale adjointe de la Fédération nationale du Crédit agricole. En 2010, elle est nommé directrice adjointe du cabinet du Premier ministre François Fillon, avant de défendre aujourd’hui les banques françaises. L’ancien banquier et ex-secrétaire général de Finance Watch, Christophe Nijdam, explique :

« Il y a une sorte de verrouillage et d’endogamie qui bloque ou limite la régulation bancaire. On se comprend, on parle le même langage. Nous sommes des experts. On va présenter des intérêts comme étant dans l’intérêt général. "

Alors, Bercy sous l’influence de la finance ? Affirmatif !

Un rapport confidentiel de l’OCDE daté de 2009, fait le même constat en Australie, en Belgique, au Canada, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, et au Royaume-Uni. Là encore, l’OCDE s’inquiète des conséquences du pantouflage et des « portes tournantes » sur les autorités de régulation. L’ OCDE s’inquiète... mais ça continue comme si de rien n’était !

Extrait du rapport de l’OCDE en 2009 :

« Les relations proches entre, d’un côté, les régulateurs et le pouvoir politique, et de l’autre, l’industrie de la finance et ses lobbyistes, sont alimentées par le recyclage régulier de personnel entre ces deux univers. (…) S’attaquer aux portes tournantes constitue le début d’un processus indispensable afin de restaurer la confiance des citoyens dans le système politique et le fonctionnement des marchés financiers. »

Alors les collègues, vous n’avez pas l’impression qu’on nous prend pour des demeurés ?
Les suppressions d’emplois soi disant pour lutter contre le chômage ?
Le mal être au travail comme une nécessité de la modernité ?
Le pouvoir d’achat de misère pour les C et les jeunes cadres B pour lutter efficacement contre les déficits ?
Des missions de Service Public dégradées pour pouvoir mieux travailler ?
Et le tout imposé par des responsables qui ont eux de belles pantoufles dorées ???

Exigeons la suppression de ces propositions d’emplois du secteur financier à nos dirigeants par le biais d’agents de Bercy ! Exigeons la même exemplarité demandée aux simples agents à nos dignitaires d’un système devenu bien totalitaire !

Toutes ces infos sur les conflits d’intérêts évidents entre notre ministère et le milieu financier ne sont pas le fait de quelques illuminés de la théorie du complot : Elles proviennent essentiellement de l’emission radio

►► Enquête Secrets d’Info du samedi 11 février à 13h20. A réécouter en intégralité sur France Inter

QUELQUES EXTRAITS SUPPLEMENTAIRES DE CETTE EMISSION POUR CEUX QUE CA INTERESSE

LA COMMISSION EUROPEENNE, ROYAUME DES "PORTES TOURNANTES"
Ce système bien organisé entre hauts responsables et secteur financier se retrouve également à l’échelle européenne. On a pu le constater, en septembre 2016, lorsque l’ancien président de la commission européenne (2004-2014), Manuel BARROSO a été recruté par la banque Goldman Sachs, vous savez, la banque qui a maquillé les comptes de la Grèce et qui est responsable de la bulle financière de 2008...

À Bruxelles, 15 000 lobbyistes sont à l’œuvre. Des commissaires européens sont ainsi régulièrement recrutés par des entreprises avec lesquelles ils sont en contact. C’est le cas de la néerlandaise Nelly Kroes, ancienne commissaire à la concurrence et à l’Economie numérique, embauché par Bank of America - Merryl Lynch et par la société Uber (ça ne vous dit rien ?). On retrouve son nom dans l’affaire des Bahamas Leaks, par le biais d’une société off-shore qu’elle dirigeait. Autre exemple : l’ex-commissaire européenne au climat, et ancienne ministre de l’énergie danoise, Connie Hedegaard, recrutée… par Volkswagen.

C’est bien dans la rue que tout finira !

Article publié le 24 février 2017.


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